22 novembre 2019 :
Flo lance un nouveau fil de conversation : « Les inscriptions UT4M sont ouvertes. »
Moi, fidèle à moi-même, avec ma « dikkenek », je lance sur le groupe, aux personnes hésitantes :
« Si c’est pour le faire autant faire le grand ! »
Et bim, j’étais dans l’aventure, sans prendre conscience du format, de l’effort à fournir, encore moins de l’investissement !!!
Tout cela pour être avec les copains et copines.
Avec le recul, ce n’est pas très sérieux tout çà... Mais bon, chacun ses zones d’ombre….
16 mars 2020 :
Comme tout le monde, on va vivre quelque chose d’unique, je l’espère dans une vie, un confinement dur et total de 2 mois.
Mes grands-parents auront connu la guerre, moi l’isolement à la maison.
04 avril 2020 : Vad, créé le groupe UT4M, pour se projeter dans la course, la logistique et la prépa.
07 avril 2020 : Première réu clandestine, euh non en visio...
08 avril 2020 :
Première séance, je sors dans la rue… attestation dans la poche…promis pas plus d’1 Km ou presque !
Je me retourne à chaque coin de rue, il n’y a personne mais j’ai l’impression que tout le monde m’observe.
C’est une sensation étrange, et exclusivement unique !
Mais, au bout de quelques minutes, je tombe sur un autre Runner à l’entrée du bois.
Tiens…surprenant son allure me rappelle quelqu’un. Mais oui des bottes noires, un téléphone à la main, gilet jaune et gyrophare sur le crâne. C’est mon p’tit Ben !
C’est tout de même surprenant cette coïncidence. 😉
Cela me fait plaisir, ce n’est pas trop mon truc de courir tout seul.
Même, si j’ai l’impression de donner un RDV galant dans les bois de l’ilette à un homme en plus.
« Ce n’est pas sale ton corps change !» comme disait le chroniqueur Radio de ma jeunesse.
Avril 2020 suite :
La prépa continue :
Le programme du coach suivi de la PPG avec Alis : on n’est pas trop mal pour des gens confinés.
Encore une fois, c’est pas trop mon truc de courir tout seul !!!
Mais bon, sur une course de 51 heures je pense que cela devrait m’arriver, donc il faut bien que je me prépare mentalement.
La suite me le confirmera…
05 Mai 2020 :
Voilà, ce qui devait arriver, arrive : Course annulée et fin de prépa !
Mais, bon vu que le week-end était bloqué, pourquoi pas se faire une sortie Rando sportive dans les Pyrénées en substitution. Et, puis je n’étais réellement pas en forme. ☹
19 juillet 2020 :
Pas d’UT4M, mais une superbe balade de 3 jours autour du Vignemale entre France et Espagne, avec Ben et Vadim, mes compagnons de l’UT4M 2020.
Avec plein de souvenirs, d’émotions, de peur même et des anecdotes pour les longues soirées binouzes au coin du feu. Surtout, quand tu as perdu ta tente, c’est sympa un bon feu de camp, hein mon p’tit Ben ?!
Petit mémo : mettre du Rhum dans une flasque en plastique,c’est pratique et pas lourd...Mais, tu ne pourras plus rien mettre d’autre dedans…
07 novembre 2020 :
Mail de l’organisation de l’UT4M : « Alors tu veux re-signer pour l’année prochaine ou pas ? »
J’ai dû réfléchir 2 secondes. 😊 ET HOP, on était lancé : on va jusqu’au bout.
Ben et Vad re-signent, également. Chouette !!!
1er janvier 2021 : Rom nous rejoint !
18 janvier 2021:
Réunion de préparation chez Ben.
On va pouvoir lancer la logistique, le plan d’entrainement, les réservations, le matos obligatoire…
Verrouiller les premières dates.
Comme le week-end prépa dans les Pyrénées : du 03/06 au 06/06.
Ça ne rigole plus, on va se préparer à la montagne. Le SLRA change de gamme. 😊
26 janvier 2021 :
C’est au tour de Fredo de valider son inscription.
On a bon p’tit groupe pour recommencer l’aventure et c’est mieux de le faire en groupe, ce genre d’aventure !
C’est bon çà ! 5 SLRAistes à l’attaque des Monts autour de Grenoble !
Semaine du 12 avril 2021 :
Le réveil sonne : ce n’est pas un jour comme les autres.
C’est le début de la prépa UT4M : On est parti pour 12 semaines de préparation.
Un gros programme nous attend !
Sachant que globalement, on venait de sortir de la prépa du Président.
Donc, on ne part pas de zéro.
Et, je sais que pertinemment, je ne pourrai pas faire toutes les séances.
Mais, no stress, je ne vais pas commencer à mon jeune âge. 😊
Cependant, je sais qu’il va falloir de la fréquence et de la régularité pour faire un max d’entrainements.
06 mai 2021 :
Pour corser un peu plus la préparation mentale et nerveuse, on décide avec Nathalie de changer de région. Et pour bien faire, on achète une nouvelle maison dans le Béarn !
Mais, alors il va falloir vendre notre maison…
J’étais loin de me rendre compte du nombre de démarche et d’effort qu’il faut pour acheter et vendre un bien. Outch, une nouvelle préparation commence dans la préparation.
Aussi palpitante, aussi existante, mais aussi épuisante !
Avec un groupe comme le SLRA pour vous motiver, vous soutenir, tout le long de la préparation, cela est plus simple ! A la maison, Nathalie assure également, pour me permettre de sortir le plus possible.
Je crois que je suis débiteur à vie dans ce domaine, à méditer pour les deux cents ans à venir…
03 juin 2021 :
Les entrainements étaient déjà bien variés et soutenus, mais là avec le stage dans le Pyrénées, on change encore de gamme !
Grace à Mathieu, on part à La Mongie avec Ben, Vad, Rom, Fredo et bien sûr, Mathieu, à la découverte de faune locale.
On a testé le matos en condition course, avec tout le nécessaire obligatoire qui s’allonge de jour en jour, avec les contraintes sanitaires.
On a appris à se connaitre, également, dans l’effort. On a découvert les compotes spéciales de Rom, qui lui permet de voler dans la montagne. On a même appris à compter les éléphants, pour ne pas prendre son 9 d’atout. 😉
Bref, de bons moments partagés, et globalement on s’est rassuré sur notre état de forme.
Bien qu’ayant, en trois jours, fait uniquement la moitié de la course…
Seul bémol, le souci d’estomac de mon p’tit Ben, qui va le contraindre à renoncer à prendre le départ.
Avec le recul, c’était plus sage, même si la décision est extrêmement difficile à prendre.
Et oui, tu as le sentiment de ne plus dans le game, plus dans le groupe. Parfois, le sport est cruel…
Courage Ben, tu as réellement pris la bonne décision et tu vas pouvoir rebondir. J’en suis persuadé…
14 juillet 2021 :
Pour fêter la révolution on va se faire prendre les fosses nasales profondes par un bataillon de badigeons. Ouf ! test négatif pour tout le monde…
On a hâte que la course démarre, cela commence à être long et puis plus d’entrainement pour vider la tête et les jambes. Tic-toc dans 2 jours, c’est le grand jour !
15 juillet 2021 :
Départ pour Grenoble.
Agnès, Vad, Fredo et Rom partent par la route.
Pour ma part, je prends le train. Encore, une petite pensée, pour Ben qui aurait dû m’accompagner…
Mais bon, j’ai pris son sac à dos et ses bâtons, il fera la course avec moi.
Un peu avant 18h00, j’arrive à la gare de Grenoble.
Première claque : l’omniprésence des montagnes. Elles nous attendent, prêtes à nous accueillir, à nous partager leurs forces et leur sagesse séculaires, à nous faire découvrir leurs richesses et à nous apprendre le respect et peut-être l’humilité : de ne pouvoir ou pas les gravir toutes.
Le décor est en place, l’atmosphère de course monte progressivement…Point de synchro avec le reste de la bande arrivée quelques temps avant : « Mike, on se retrouve au retrait des dossards ».
16 juillet 2021 - 10h00 :
Après une nuit plutôt bonne, pour une veille de début de course, on prépare le sac à dos, et les sacs de bases de vie.
Je manque d’expérience, et je mets de choses dans les sacs sans savoir si je vais en avoir besoin, ou de quoi j’aurai besoin.
J’ai bien fait de jeter, la veille, dans la valise, des maillots, shorts et autres vêtements.
On verra bien… Drôle de philosophie pour ce genre de course !
Petit point météo : première nuit s’annonce froide, avec du vent de Nord.
Je mets le collant long chaud, que Rom a fait acheter à Nathalie, pour ma première MégaL’O Night !!
Un dernier repas, un temps calme et on prend le tram pour rejoindre le point de départ à Seyssins.
Je peux vous dire que Fredo, c’est fait plaisir sur les jeux de mots !!!
On doit être sur la bonne route, car il y a de plus en plus de personnes, comme nous dans le tram.
Bon ben voilà, nous y sommes dans une heure le grand départ.
On va partir tous les trois avec Fredo et Rom. Vadim, grâce à ses performances dans les autres trails, partira 20 minutes après nous….
Ils mettent les cadors deux vagues dernières nous !
On entre dans le sas de vérification du matos.
J’espère qu’ils ne vont pas tout me vider. J’ai mis trois plombes à compresser mes vêtements chauds, dans les sacs congélateurs !!!
Je dois avoir un p’tit souci avec les gourdes de Ben, car avec les cachets effervescents le liquide remonte tout seul et m’asperge. J’aurai le temps de régler ce problème sur le terrain…
Trois deux un BANG c’est parti sous la musique de ACDC « Hell’s bells ».
Petit souvenir de la finale des RAID TREX dans le Nord.
On part tous les trois, et cela commence tranquillement à notre rythme pas de stress, pas d’affolage comme dirait Jéjé.
On commence à discuter avec les participants :
« Moi, je les déjà fait plusieurs fois et il est dur… »
« Moi, je m’entraine, tous les jours ici... »
« Bon et moi, bin c’est mon premier, et je viens de Nantes… ». Et Oui, pas trop de dénivelé, mais on a plein d’idées pour bouffer du dénivelé. 😊
Bin il fait quoi Fredo ?, il commence à courir dans les montées. On le regarde avec Rom. Il a la forme.
Tranquillement, on trouve notre place, le même rythme.
On monte tranquillement, et puis bim, on se tape le tremplin Olympique de saut à ski. Les marches bien sûr. Tout droit, c’est le plus efficace. Le petit et puis le grand… C’est haut et impressionnant… Chapeau bas aux champions qui se lancent dans cette épreuve.
En haut du tremplin, premier ravito.
Je remplis mes gourdes : Une eau plate une eau de Vichy.
30 secondes plus tard j’ai pris ma douche ! Et oui, la gourde à régler….
Mais cool, l’autre ne coule pas. Yes ! on avance dans l’énigme.
Tranquillement, on avance toujours, le temps se gâte un peu, je sors la veste de pluie.
Dans la montée suivante, il y a deux gars, qui en courant, nous doublent facilement.
C’est la tête de course qui nous ont repris 40 minutes, entre le ravito 1 et 2.
Il parle de leur entrainement et surtout d’un exercice, qui m’a fait sourire : « Pour gagner en vitesse, tu descends à fond, puis, tu remontes à fond !!! »
Bon bin, on a un bon coach et une bonne prépa !
Rom est déchainé, il vole, littéralement, surtout dans les descentes. Je reste derrière, mais, à distance.
Je le retrouve au second ravito. Et, j’ai déjà besoin de reprendre des forces.
Au pétard, Vad, nous a déjà rattrapé. Je ne pensais pas si tôt...
Il est fort et en forme !
Il pleut réellement, maintenant, on repart tous les trois.
Dans la montée, Vad se détache petit à petit.
Rom aurait pu le suivre…
On poursuit notre route tous les deux, et on voit toujours Vad à distance.
Petite pause photo, en haut du Vercors. Ça fait plaisir !
Puis, descente. Bon, on va vite comprendre le programme de la course.
Ce sont les montagnes russes ! Tu montes et tu descends. Et après bin, tu montes et tu descends.
A la tombée de la nuit, nous arrivons à la première base vie de Vif.
On retrouve Vad, en petite forme.
Le temps de se poser, de se ressourcer, de manger un repas chaud.
Je réfléchis à haute voix : « Je changerai bien de chaussettes et je crémerai bien les pieds ».
Vad, me dit « perso j’ai pas mal aux pieds et je n’ai pas d’ampoule »
Bon, je n’ai pas trop mal et pas trop l’envie de faire cet effort-là. Je reprends le trail sans changer de chaussette. ERREUR 😊
On repart, tous les trois, pour la première nuit. C’est plutôt chouette de pouvoir courir avec les copains.
Le temps est plutôt clément, pas trop froid, on avance bien avec Rom.
Sur le plat, on arrive encore à courir.
Vad nous dit « je vous laisse les copains, ce n’est pas la grande forme ».
On prend un peu d’avance et on attaque une nouvelle côte.
Vad nous retrouve. Il a de nouveau un p’tit coup de mou.
Et puis, là, je le vois s’allonger sur la route et la tête dans le torrent.
Et hop, il était requinqué ! Ce n’est pas un mars est ça repart c’est la tête dans le torrent est ça repart !
En haut de la côte, on s’arrête à une fontaine pour refaire le plein d’eau avec Rom.
Vad prend un peu d’avance… je ne le reverrai qu’à l’arrivée !
On va, donc, passer cette deuxième partie de nuit avec Rom, dans l’ascession du Taillefer.
Drôle de nom pour un mont…
Dans la journée du 17 juillet, on attaque, avec Rom la montée qui me semblera la plus longue, la plus dure, la plus extrême : la côte de la Morte. Nous sommes autour de 2300 mètres d’altitude, quand nous arrivons en haut de ce Pic du Taillefer, le temps est superbe ! On voit le ciel bleu. Et là, je prends une véritable claque ! Le spectacle est à couper le souffle : au loin une ligne d’horizon d’un blanc immaculé, surligne le haut des montagnes, comme pour attirer notre regard...
La nature nous a autorisé, dans sa mansuétude, à observer ce qu’elle avait de plus beau de plus intime…Quelques instants après, elle voilait, de nouveau, ce paysage merveilleux. Est-ce un rêve, l’ivresse de l’effort, ou bien tout simplement le sublime de l’éphémère.
Nous reprenons notre route avec Rom, les yeux encore iridescence de ce paysage.
Le haut du TailleFer est également superbe : des lacs, des cascades, et puis le sentiment de courir sur un plateau, juste surréaliste, c’est trop bon !
Un peu plus loin, on rencontre notre premier et seul troupeau de mouton.
La bande m’avait briefé sur les patous : ces chiens de berger, qui brillent par leurs efficacités, mais pas trop par leurs subtilités. Donc, méfiance, si on s’approche d’un troupeau de ne pas être pris à parti par ce chien. Et bin là, par le plus grand des hasards, je me retrouve au milieu des moutons, qui s’étaient repartis de part égale du sentier. Chouette… Et là, je vois au loin une grosse bête, ce fameux Patou qui arrive sur moi ! C’est quoi déjà la phrase qu’il faut dire pour le faire partir : « File aux moutons »?
Hum pas certain de moi... Mais, au loin, j’attends la voix d’un berger qui rappelle péniblement son chien, Piano, c’est son nom ! pas un mot glissé, par inadvertance... 😉
Merci m’sieur le berger, je ne voulais pas de suite, faire connaissance avec ce chien.
Pour se remettre de ses émotions on attaque à quoi ?, à une descente ! Et quelle descente, 1400 D- qui nous amène à RiouPéroux, la seconde base vie.
Elle est interminable, technique, roulante pour qui sait descendre.
On n’avance pas terrible avec Rom.
Je commence à avoir les pieds qui chauffent, et là je me fais doubler par deux gars.
L’un me dit, « allez essaie d’accrocher ». Et bien pourquoi pas.
Je lâche un peu les cuisses, je fais confiance à mes appuis, et bizarrement ça le fait.
De bonnes sensations, et le sentiment de bien avancer.
C’est redoutable, cette partie technique du trail… On gagne ou perd énormément de temps et d’énergie.
Bon là, ça va bien j’avance, je retrouverai Rom, plus tard. Et, c’est comme cela, que je me retrouve plutôt rapidement, à la base vie. Yes ! la seconde, la moitié de l’effort.
Et encore, pas trop mal. En revanche, les pieds en feu…
Je retrouve Agnès, mais pas Vad, qui est déjà reparti.
Il faut, maintenant, prendre le temps de recharger les batteries.
Je dis à Agnès, j’ai mal au pieds. Elle me dit, qu’il y a un podologue.
Rhoooooooo le bonheur. J’enlève mes chaussures, chaussettes et je vois l’ampleur des dégâts.
Ce n’est pas beau à voir…Une énorme ampoule au talon gauche. Et, pas mal, de plaques dures sur le reste des pieds…
Le podologue me la perce et m’injecte de l’éosine.
Il me donne, également, de la crème. Je vais pouvoir repartir.
Rom arrive et, un peu plus loin, Fredo.
Je me dis youha belle remontée mon Fredo, mais mince il doit abandonner : Douleurs aux adducteurs.
On avait prévu de faire un p’tit somme, avec Rom, avant d’attaquer la BelleDonne.
Mais hélas, il n’y a plus de place. ☹
Je motive un peu Rom pour repartir.
Le programme est simple. On sort de la base vie, certainement une école, et juste à 20 mètres : la falaise ! Juste incroyable, elle est déjà là, impressionnante. Avec Rom, on file à droite, car c’était juste improbable de partir tout droit vers la montée abrupte. Et pourtant les gens nous disent, « non c’est par là. »
Bon, on prend un p’tit chemin sur 10 mètres qui tourne légèrement à droite et on lit :
« 0 M du KV (Kilomètre verticale) »
La misère…on sort juste de la base vie et on est déjà dans la pente.
Au bout de quelque temps, je vois une autre pancarte annonçant les premiers 100 mètres.
Chouette, si on fait cela tous les 100 mètres.
Là, je me dis je vais jouer un peu : Combien de temps je vais mettre pour faire 100 mètres ? »
100 mètres en 9 minutes. Top ! une référence et je suis monté ce KV sur le même rythme, avec l’impatience d’arriver au temps à la pancarte. Et étrangement, il est bien passé ce Kilomètre en 90 mn.
En haut, j’attends Rom, mais le sommeil arrive. Je fais donc un p’tit somme et Rom arrive on se fait un p’tit stop de 30 minutes.
Pas forcément…une bonne pioche car il ne faisait pas trop chaud.
Rom me réveille, on repart pour vite se réchauffer.
Je sens Rom dans le dur. Il a froid.
Perso, cette petite sieste ma fait bien. J’ai des bonnes sensations, pas de douleur aux pieds, avec cette crème miracle.
On arrive à l’Arselle, et la Rom me dit : « Mike j’arrête là… Plus d’envie… plus de plaisir… »
Arrf, coup dur…
Et puis, après on allait attaquer du sauvage avec la croix de Chamrousse.
C’est plus judicieux d’arrêter dans un endroit accessible.
C’est, donc, seul que je repars vers Chamrousse.
Plutôt bien, je retrouve un autre compagnon de route, on monte jusqu’au téléphérique de Chamrousse. Là, gros temps, du vent, du brouillard. On ne voit pas à 5 mètres.
Mais, par contre, le ravito est convivial. Les gens sont sympas. Il y a de la soupe et du pain de campagne. Bim, je coupe de morceau de pain et les trempe dans la soupe. La magie des bonheurs simple, qui font du bien à la tête.
Je repars, donc, avec Thomas, c’est le nom du copain de course, pas notre Thomas du club.
Vers la suite du BelleDonne, la sortie du ravito est toujours dantesque. Froid, venteux…
Mais, en descendant du premier talus, le vent se calme et un peu plus loin, il fait même bon et même un peu plus loin, le soleil.
Je passe à côté d’une succession de lacs. Avec plein de tentes de bivouac.
On profite des dernières minutes de soleil de la journée, pour remettre la lampe.
Tout va bien, toujours en forme.
Au milieu de la nuit, on arrive à un passage ou étrangement, on voit plein de loupiotes.
Ce n’est pas normal…
Les organisateurs nous disent « il faut monter au refuge du pré du Molard. »
Je ne suis pas près de l’oublier ce refuge.
C’est juste un aller-retour avec une maxi patate de 45 minutes…
Pas très ludique, mais pas trop le choix.
Le 18 juillet 0h45 : j’arrive à ce fameux refuge, un feu de bois nous attends.
Il y a même de la pizza. Improbable ce ravito. Pizza au coin du feu, c’est bon ça !
Je demande si on peut dormir. Oui, il y a un refuge.
Je vais, donc, faire un p’tit somme pour reprendre la fin de la course.
Il fait chaud, un vrai lit…C’est juste idyllique.
Je programme le réveil, pour 1h45, chouette une bonne heure de Dodo…
Il y a 4 lits collé, ça rentre ça sort.
On se retrouve même à plus de 4 dans le plumard.
Mais bon, on se fait de la place.
Tout à coup une voix me réveille : « Mais, il y a encore quelqu’un ici ! »
« Que faites-vous ? » « Bin, je dors. »
« Mais vous abandonnez ? » « Non pas du tout. »
« Mais il est 2h38. Vous ne pouvez plus reprendre la course ! Il y avait une barrière horaire, à 02h15 ! »
« De quoi ? NoON, NnoON, je reprends la course, même pas en rêve que j’arrête ici !!! »
Je saute du lit, remet mes chaussettes mouillées, puis mes chaussures.
Je suis prêt à repartir. Pendant ce temps, la dame du refuge demande au PC course, si je peux reprendre la course.
10 secondes plus tard…
« Oui c’est bon, il peut repartir. »
« Oh yes ! je suis dans la course, je suis dans la course. »
Je redescends à fond. Puis, je réalise, que je suis seul de chez seul, bon dernier !
Et à minima 20 minutes, derrière le dernier. Gloups !
Moi qui n’aime courir tout seul….
Pourvu qu’ils n’aient pas commencé le débalisage.
En parlant de balisage, je ne vois plus les fanions.
Michael fait attention, demi-tour car c’était à droite.
Je suis en feu, je n’en qu’une seule envie retrouver des concurrents.
J’ai les jambes et la tête en forme. Je fais une descente, plutôt roulante.
Au bout de 45 minutes je vois une loupiote. Oh yes ! je reviens dans la course.
Je lui demande si ça va, mais ne m’arrête pas. Puis, c’est un autre, et puis, une dizaine d’autres.
C’est bon ça ! J’arrive au ravito, qui est à 6 Km de la dernière base vie.
Par contre, 6km pas très ludique du plat sur un chemin, le long d’une 2X2 voies.
Mais, pourquoi on ne rentre pas dans le village. C’est ici Saint Nazaire !
Etrange, ah mais oui ils nous font traverser le village, pour ensuite revenir sur nos pas.
Euh, je m’en serai bien passé, mais bon j’ai encore remonté du monde dans c’est plutôt bon pour le moral.
Enfin, la base vie, il est 5h30. Là, j’ai vraiment mal aux pieds. Le sol dur n’a pas arrangé les choses ?!
J’aimerai repartir vers 06h00.
Je dois me faire soigner les pieds. J’ai de nouveau des ampoules, partout.
En revanche, le podologue n’est pas là.
Le kiné me file le matos l’aiguille, éosine. Bon bin, c’est parti je perce, j’injecte et je crème.
Je mange et je repars. Peut-être, un peu vite. Je commence à n’être plus trop lucide.
J’attaque le dernier mont, la Chartreuse. Même, si elle va être un peu raccourci, ça reste un gros morceau. Des montées et des descentes. Comme d’hab !
Globalement, ça se passe bien. Il me reste une grosse descente, la montée vers la citadelle, puis, la descente vers Grenoble.
Par contre, j’ai les pieds bouillies. Ces deux descentes vont être un vrai supplice….
Il n’y a que des cailloux, qui me rentrent dans les ampoules. A Gauche ou à droite, en haut ou en bas.
C’est interminable, quel que soit la surface de pieds, cela me fait mal !
Mais bon, il n’est pas question d’arrêter si proche du but.
Et puis, tous vos encouragements me font chaud au cœur.
Je suis, maintenant, en haut de la Bastille, une vue superbe sur Grenoble. Ça sent bon ! la fin est proche !
Juste une dernière descente à serrer les dents. Elle est sans fin. ET en plus, je me fais doubler par les autres courses du jour. La misère je n’avance à rien.
Au bout d’une heure, j’arrive, enfin, en bas. Dans la ville, je téléphone à Nathalie, pour partager, avec elle, ces moments.
J’ai, maintenant, la banane : je vais terminer ce monument ! « J’en profite »
Fredo m’accueille, ça fait plaisir.
Un tour dans la ville et voilà, la ligne d’arrivée !
Agnès et Rom sont là.
C’est que du bonheur ! Enfin, la délivrance…Vad m’attend sur la ligne.
On se regarde plein de respect mutuel, d’avoir terminé ce truc inhumain.
Rien n’est donné dans cette course rien n’est gratuit. Pas même une petite liaison, un segment.
Rien de rien. C’est éprouvant. On ne se dit pas, vivement l’année prochaine pour la refaire.
Enfin pas de tout de suite…
On a forcément une pensée pour Fredo Rom et Ben, nos compagnons d’aventure.
Encore, un dernier effort d’Agnès, qui aura également fait sa course, pour aller chercher le véhicule !
Le 18 juillet 23h00 : Ouf ! le corps va pouvoir se reposer, se ressourcer.
Bravo Mike, quel plaisir de lire ton/votre aventure ! Vous n'êtes pas humains d'avoir fini cette épreuve mais des demi-dieux...
Bravo à toi, à Vadim, à tous les copains qui vous ont accompagnés dans la prépa, dans ce début de course. Ça fait rêver et peur en même temps. C’est surhumain!! Vous arrivez encore à marcher? Bonne recup et bonnes vacances entre les séries de cartons!
Merci Mike pour ton récit et ENORME RESPECT à toi et les copains pour cette aventure.
Mike, merci pour ton partage, avant et après course! C est passionnant ! J en ai presque mal aux pieds à la fin...de ton récit ! Et encore: Chapeau champion!
Un plaisir à lire, encore bravo à toi Mike et à Vad pour votre belle course :)