L'Objectif de 2024, dessiné avec Véro initialement, où très vite Dam est venu s'ajouter pour son premier trail supérieur à 100km, est enfin en ligne de mire.
Au fil de la préparation, Thomas et Fred se sont aussi ajoutés au petit groupe et 2 mois avant le départ tout semblait bien parti puis les petits bobos des uns des autres ont vu le groupe changé. Ludo se propose de remplacer Véro, mais rien de gagner. Fred et Thomas sont également forfait, je me fais une petite entorse le weekend d'avant… il ne reste que Dam qui est paré à 100%, après que Ludo ai préféré ne pas venir, me concernant, la cheville semble tenir, hors de question de ne pas prendre le départ.
Nous serons donc deux à représenter le SLRA accompagnés de notre staff : Kiné, logistique, ravito, coach, nutritionniste, supporteur, à savoir Amandine !
Arrivés la veille, nous faisons une petite balade pour aller récupérer les dossards au village. Départ à 3h pour Dam et ses 135km, 6h30 pour moi et mes 84km et des bananes.
Nuit un peu courte me concernant à l'image des dernières semaines.
Une fois dans le sas du départ, l'excitation monte. Jour J ! j'y suis, cette année 2024, très chargée, a été programmée pour cette échéance, si je ne sentais pas trop la pression jusqu'ici, elle commence à monter tranquillement en attendant le départ.
Une fois les feux d'artifices lancés, signe du départ de la course, toute cette pression disparait. La mission est simple, prendre du plaisir, profiter et quand ça va devenir difficile, c'est juste un pied après l'autre, rien de bien compliqué, alors GAMBA !
Les 10 premiers km se passent bien. Le terrain n'est ni trop raide, ni trop technique, parfait pour que je prenne un max de plaisir sans me faire larguer par le groupe. Ma cheville fraichement strappée me gène un peu mais ça va. Et puis au km12, sans explication, impossible d'avancer. j'ai la plante du pied strappé extrêmement douloureuse. Je décide d'enlever le strap et d'essayer de repartir. Je me fais doubler par des bus de coureurs, c'est comme ca. Impossible de courir, à marcher, la douleur est très forte…
Il me reste 72km et je suis déjà à l'agonie. La leçon apprise lors de l'Ultrariège ressort, je suis (déjà) dans le dur mais ca se trouve dans 3 km tout ira bien. Je m'accroche, je marche et petit à petit, ma plante de pied se détend et je reprends à courir au km 15/16. Amandine m'attend au ravito km 19, on relance !
On passe dans des forêts, des petits villages, la cour d'un château, c'est vraiment joli. Le soleil se lève et la nature se réveille. Tout semble aligner de nouveau.
Petite pause rapide au premier ravito, Amandine aux petits soins et les trailers à côté me regardent d'un air envieux.
La prochaine section est la plus compliquée : 22km et 1100 de D+ mais elle se passe bien. J'arrive à m'alimenter et boire sans souci, je relance. Les paysages sont très sympa et le terrain pas trop technique, à part 1.5km de lit de rivière à sec avec des gros (hiboux, choux, genoux…) cailloux qui ralentissent très fortement cette section.
Amandine m'attend au km 38 après une belle montée en forêt, ça fait du bien, d'autant plus qu'elle vient à ma rencontre et nous marchons/courrons un peu ensemble.
Le km 42 arrive plus vite que je ne le pensais, je suis dans les temps des citadelles malgré l'arrêt au km 12. Tout va bien. Petite pause un peu plus longue à ce ravito car même si la nutrition passe bien, je sens que je suis déjà fatigué, avec un manque d'énergie flagrant.
Je repars un peu plus tard sous la pluie et le vent. Prochain objectif, la barrière horaire de la base de vie au km 56.
Je me rend compte que je viens de faire mon RP en 40km et tout semble se dessiner de la même façon pour le 50km.
Néanmoins, la fatigue est très présente et le rythme baisse fortement. Ces 14km commencent à être longs et je sers les dents. Je dois être à la base de vie avant 18h45 et je sens un groupe de 4 ou 5 coureurs discuter derrière moi et me remonter, ils ont l'air frais et je me décide pour les laisser passer, mais à ma surprise, le premier me dit "non non, on reste derrière"… ce sont les fermeurs…merde, un RP sur 40 et 50 km et je suis quand même dernier. On est 3 derniers, je cours avec deux autres traileuse, la première à le genou en vrac, la seconde est sur son premier ultra comme moi.
J'arrive à la base de vie vers 17h40/50, j'ai donc une petite heure pour me poser avant de repartir et j'en ai besoin.
Amandine est encore là, à me préparer mes affaires propres, gérer mes flasques, ma nutrition, au top, comme d'habitude. Une fois "propre" et presque sec, je me pause, une serviette sur la tête, pour fermer les yeux 30 minutes max. Cela me fait du bien, je me ravitaille légèrement et je m'apprête à repartir. Grosse douleur à la plante de pied dès que je marche, je tremble de froid… dur dur, l'idée de m'arrêter là commence à arriver. Mais les messages des un(e)s et des autres, incluant les fermeurs me poussent à repartir en boitant en espérant que d'ici 5/10 minutes tout aille mieux.
Et à ma grande surprise c'est ce qui se passe. Du km 56 au km64/65, je relance, ca court, plus de douleur, peu de fatigue. Le terrain est descendant et pas technique. Je me sens bien, je vais surement le payer tout à l'heure, mais tout ce qui est pris n'est plus à prendre.
KM60 Amandine est là sur un croisement de route. Tout va bien, petite pause pour échanger rapidement et je repars. La nuit est tombée et je ne suis jamais allé si loin à pied (j'ose pas dire en courant).
Km 64, gros coup de fatigue. Plus de jus le garçon. Il reste encore 20 bornes. Aucune pression de la part des fermeurs, des messages en pagaille, ca va aller au bout. Prochaine étape km 70 pour le dernier ravito.
Km69 on va arriver, km 70…en pleine pampa ? Km71 on commence à apercevoir un village. Le ravito est finalement au km71.5… c'est long et c'est loin.
Encore une fois Amandine est là et gère mon ravito de façon parfaite. Je me pose, car l'énergie manque. Il reste encore 14km. Je ne teste pas la gaufre sucrée mais je me laisse tenté par deux bols de soupe. Ca fait un bien fou. Je prends le temps de me poser un peu. Et je me commence à me dire "ca y'est, c'est fait, il n'y a pas de débat pour finir cette aventure", et je mesure ce que cela représente pour moi. La fatigue ça aide. Il est temps d'en finir et de repartir, en marchant, mais cette fois, je demande à mes fermeurs de me laisser un peu d'avance pour me retrouver seul et profiter, dans le dur, des derniers km. Et ils sont longs ces derniers kilomètres. Très longs. Je regarde trop ma montre et ca me casse le moral…seulement 300m de fait ??!!
Dam a retrouvé de la batterie et est environ 20/25km derrière moi, dans le dur aussi, mais lui aussi ira au bout. Ca me fait du bien d'échanger avec lui, ce coup de téléphone me rebooste.
Je me fais remonter par les 135km qui ont tous un petit mot d'encouragement pour le dernier du 84km. Alors on s'accroche. Le terrain est pourtant facile, en pente, mais je n'ai plus d'énergie, je suis épuisé, je vais m'arrêter souffler 5 ou 6 fois sur une pierre, un banc ou même par terre sur ces 14 derniers km.
Plutôt que de regarder ma montre qui me démoralise, je regarde mon téléphone et les messages et surtout le profile sur le dossard. Encore 2 bosses et ca finit en plat descendant jusqu'à l'arrivée.
Ca m'aide énormément, toujours impossible de relancer, mais j'avance et c'est le principal. Amandine m'attend à l'arrivée, la pauvre debout depuis ce matin.
Je sais que l'arrivée au bord du lac sera signe de la fin. Ca devient vraiment dur. Un petit malin à écrit par terre "arrivée : 2.5km" je sais qu'il y a au moins le double à faire. Je préfère ne pas le prendre en compte et finir cette course avec mes fermeurs qui sont revenus à mon niveau pour me soutenir dans ces derniers kilomètres.
Le lac se dessine dans le noir. Encore 2km et c'est bon. L'arrivée et ses jeux de lumière confirment que je devrais bientôt être finisher.
J'aperçois l'arche à 400m et je décide de finir en courant, je relance tout doucement et ça redémarre, j'aurais pu courir un peu plus tôt mais pas de regret, on profite de ces derniers mètres. Mes fermeurs ont l'élégance de m'avoir laissé seul sur les 2 derniers km. Quel accompagnement ! Aucune pression de leurs parts, un paquet de conseils, de mots justes pour ne pas se décourager, ils ont été plus qu'à la hauteur. Je passe l'arche après 19h55 de "course", le sourire aux lèvres et la satisfaction d'avoir fini. J'ai le droit à un petit interview (10sec) comme dernier finisher et mon GTA est fini. Une belle balade, 64km de "trail" et 20 km de rando, c'est pas fameux, mais ca été au bout.
Un énorme merci à tous les encouragements que j'ai pu recevoir pendant la course (amis, famille, collègues…). Une mention spéciale pour tous les membres du SLRA qui n'ont pas semblé douter une seule seconde que je serai finisher. Que ce soit les conseils pendant l'année, le programme aux petits oignons de préparation, les discussions et échanges autour de ce projet, les sourires et leurs confiances m'ont porté avant et pendant cet "ultra". Merci à vous !
Une pensée particulière pour Amandine bien sûr, qui m'a accompagné toute cette année pendant mes sorties matinales ou nocturnes, mes weekend à droite à gauche pour monter en charge, ces conseils nutrition, récup, préparation physique mais surtout son soutien sans faille qui m'a porté pendant cette année et bien sûr pendant la course. Impossible de baisser les bras en sachant qu'elle a sacrifié un weekend avec beaucoup de fatigue pour me soutenir. Cela aurait été beaucoup plus dur pour moi de finir sans son soutien.
A la fin du trail j'ai conclus que les trails de 50/60km correspondaient plus à mon niveau et que ce 84km était peut-être une marche un peu trop haute…et puis, à relire ce rapide CR, j'ai hâte d'y retourner l'année prochaine sur le même parcours !
Des amateurs pour m'accompagner ?
Merci pour ce récit et bravo pour avoir tenu jusqu'au bout
Top Seb, bien raconté, j'ai eu l'impression de vivre le moment avec toi. En tout cas bravo 👏👏👏 hâte de découvrir un raid de ce type 😉
Merci pour ce partage.
Merci Seb pour le partage 👍