Prologue
Depuis que je suis dans les sports natures avec une nette préférence pour les raids multisports, dans ma tête un challenge me trotte :"Et si j'allais voir un Ultra Trail ?". Évidemment je pense de suite à l'UTMB dans les années 2010 mais quelle galère pour s'inscrire: il faut marquer des points dans des trails avant puis espérer être tiré au sort etc... donc on oublie.
En juin 2019 avec 4 potos du club (Frédo, Flo , Gaël et moi) on va se balader sur l'UTPMA (environ 110 km pour 5500 de D+) la sortie se passe bien donc ... courant l'automne -hiver 2019 on est plusieurs à parler d'aller sur l'UT4M 2020. Un soir autour d'une bière, on se lance et go pour l'inscription UT4M 2020 ( Mike, Ben et Vadim sur l'ultra, Flo et Steph sur le 100 km). Vous connaissez tous l'année sportive 2020 : MORTE!
Du coup on nous propose de garder notre inscription pour l'édition 2021, Mike, Ben et moi on dit OK et voilà que deux autres compères nous rejoignent dans l'aventure Rom et Frédo.
Le club des 5 est formé et pour la prépa ça va être motivant.
Première épisode : La Prépa.
On commence en janvier avec la fameuse prépa du président (Jérémy président du club va faire un trail de 63 km avec 2300 de D+ fin février).
Une TOP prépa sur 8 semaines avec plein de potos du club SLRA on enchaine les sorties en tout genre environ 4 sorties semaines :
Une séance fractionnés plat - côtes- mixte puis une séance seuil. C'est pas celle qu'on préfère au SLRA.
Une séance D+: Pas la plus simple dans notre plat pays quand on a une côte de
50 m D+ on est au taquet donc on s'est fait tous les vallons du coin en mode sangliers avec pour objectif 10 km pour 600 m de D+ en moyenne voir parfois 12 km avec 1000 m de D+ au mont des Alouettes (Vendée) une vraie folie.
Une séance de VTT pour finir.
Pour agrémenter les sorties du WE, chacun son tour une glacière avec ravito était de la partie : TOP ambiance.
Pour la petite histoire, notre président s'est régalé durant son trail ce qui nous a gonflé à bloc en se disant la prépa paye!!!
On est début mars et l'UT4M est encore loin: ATTENTION on ne se grille pas. Je propose aux copains de se la jouer cool mars -avril (dans notre jargon c'est encore mini 3 sorties semaine mais on ne tape pas dedans, on fait plus de vélo du kayak etc... des malades) et on reprend les choses sérieuses début mai pour 10 à 12 semaines.
Pour agrémenter notre prépa, on se cale un WE début juin à La Mongie (un grand merci à Matt pour l'appart, c'est confort).
Objectifs du WE:
Vendredi : 41 km 2300+
Samedi : 36 km 2250 D+
Dimanche : 17 km 1000 D+
Tout ça dans le parc de Néouvielle :
Magnifique on s'est régalé.
Matt en premier plan sur la photo: un nouveau dans ce genre d'aventure. Il va s'essayer à un trail du GRP fin août 64 km 3400 D+.
Bon courage, on te suivra.
Un petit clin d'oeil à notre formule 1 qui était en pleine forme mais il a du garder raison et déclarer forfait à 3 semaines de l'UT4M: Ben qui nous montre le chemin à suivre pendant la course, Merci.
Deuxième épisode : l'avant course.
Agnès est OK pour m'accompagner dans cette aventure en jouant le rôle d'assistante (deuxième élément essentiel voir plus du "Pas tout à fait"). On charge le fourgon et on récupère Frédo puis Rom jeudi 15/07 au matin direction Grenoble. Mike a pris le train.
On se retrouve tous vers 18 h au retrait des dossards où on récupère nos petits cadeaux de bienvenue.
Le moral est au beau fixe dans l'ordre de droite à gauche :
Mike - Rom - Frédo et moi.
Apéro - pasta puis dodo on est vendredi matin avec objectif : être fin prêt pour le départ à 16h.
Il faut préparer le camel en respectant le matos obligatoire (essentiel) tout en étant le moins lourd possible et aussi les 3 sacs base de vie que l'on va retrouver durant la course (vêtement de rechange - sac à viande pour dodo - petites surprises réconfortantes etc...)
On est dans le timing: GO pour la ligne de départ.
Arrivée sur les lieux à Seyssins vers 15h, on n'est pas les premiers ni les derniers : ça nous va bien comme classement.
Les petites photos sous l'arche h-1 : Agnès au centre.
Plus qu'à attendre le départ des trois potos qui partent dans la première vague à 16h et moi dans la deuxième vague à 16h20.
Troisième épisode : la course
Départ de Rom avec le sourire qui lui annonce un super début de course.
Puis moi 20 minutes plus tard : tout est OK les bâtons en mode surtout ne me lâchez pas et GPS lancé.
Le début de course est nerveux avec un profil faux plat montant mais qui monte quand même donc on court à 10 -12km/h : n'importe quoi. Dès que la pente s'accentue on se met en mode marche accélérée et dès que la pente s'adoucit on relance.
Tous les feux sont au vert, je rattrape Frédo au bout d'1h30 de course, Vadim attention ça va vite mais on enchaine. La vague 3 (les champions) partie 20 min derrière me rattrape au bout de 3h de course c'est à dire environ au deuxième ravito à mi hauteur du massif du Vercors (le premier massif des 4 à venir). Agnès est là et me dit que Mike et Rom viennent d'arriver au ravito. Cool les copains, on va pouvoir manger ensemble !
Je retrouve Rom à la sortie puis Mike. On quitte le ravito ensemble, on fait un bout de chemin mais je continue à mon rythme ( Défi solitaire aussi) et je les lâche petit à petit.
Petite remarque :
J'adore partager avec potos et équipiers en tout genre l'effort et le surpassement de soi sauf dans des trails longs voir ultra longs car on aura tous des moments au TOPS et des moments très bas qu'il faut gérer tout au long de la course donc sur le rythme : mode SOLO !
Bonne continuation Mike et Rom.
Arrivée en haut du massif du Vercors (1800 de D+ depuis le départ), qu'est-ce qui nous attend ? et bien le programme du WE : Montée - Descente - Montée- Descente etc... on est toujours en prise (OUI dans ces petites balades les descentes ça pique aussi). Je commence ma première descente de 1200 de D- avec BOUE- BOUE et encore boue donc les pieds humides (ça aura son importance).
Je descends pas au mieux, état général du bonhomme moyen qui a l'estomac qui le travaille un peu (fait rarissime chez moi) qui regarde sans arrêt son GPS et tout ça seulement au bout de 30 km de course. Va falloir changer quelque chose si je veux aller au bout...
J'arrive à la première base vie à Vif, au bout de 8h de course. Il est minuit dans les temps prévus pour le début de course. Agnès est là : YES ! ! ! et là on revient en mode pas SOLO mais merci d'être présente et de t'occuper de moi.
Je m'assois sur une chaise devant une table et Agnès fait les aller-retours au buffet pour me ramener toutes mes envies voir mieux : elle pense à me ramener une assiette de coquillettes-sauce tomate. Je me mets à manger doucement alors que d'habitude je suis du style glouton ! Je vous ai dis pas au mieux.
Du coup Rom et Mike en pleine forme arrivent à la base vie avec la banane 20 minutes derrière. Le moral revient : les potos présents et Agnès aux petits soins, je n'ai pas le droit de me plaindre (c'est mon premier coup de mou: il reste encore 130 km et 9000 D+ un petit faux plat montant...).
On repart tous les trois à l'attaque du massif du Taillefer : Rom en mode j'arrache tout devant, Mike qui suit en mode "je suis avec le copain" et moi derrière qui fait ce qu'il peut et oui c'est pas encore la grande forme.
Petite lueur d'esprit dans ma tête : "Vadim, tu te mets en mode gestion et on verra après" du coup je dis aux deux lascards :"Allez y , je vais mettre un tempo moindre et bonne course".
Autre décision, je stoppe le GPS. Je le mets en mode montre et fini les kms qui défilent ou pas, la vitesse, le D+ etc... on va la faire à l'ancienne avec une montre et de ravito en ravito !
Pendant une heure, je suis à distance de leur frontale environ 5 à 10 min et je bois régulièrement de l'eau fraîche dans les cours d'eau qu'on croise ça me fait un bien fou (j'ai de la chance, normalement je ne suis pas fragile des intestins donc...).
Et petit à petit je reviens sur leur frontale et je me remets avec eux. Rom qui mène le rythme. J'arrive même à passer devant. C'est TOP on est tous les 3 et on est fin ravi de voir que toute notre prépa paye.
Sur la fin de l'ascension, j'en remets un coup et là Mike baisse un peu. Je croise une fontaine, je bois un coup (l'eau fraiche m'a requinquée, je continue). Je me retourne, ils sont à 50 m derrière et je leur crie :"Y a une fontaine, c'est trop bon". C'est la dernière fois que je les verrai.
Je suis tout seul en pleine nuit avec ma frontale à suivre des rubalises ( le parcours est très bien balisé) et les jambes sont là c'est cool le coup de moins bien est passé. Go il faut en profiter, j'enchaine les ravitos les uns derrières les autres en respectant à la minute prêt les prévisions du suivi. Avec Agnès présente à chaque fois : le moral au taquet. C'est ces moments là qu'on vient chercher.
Le lever du soleil approche et je continue dans mon rythme .
Un ravito avec un nom accueillant arrive :
LA MORTE.
Un beug : je passe pour être bippé et là pas de bip.
Pas de Bip = hors course.
je repasse puis rerepasse : Rien.
Agnès va chercher un gars de l'orga qui regarde son ordi et me dit :"C'est OK"
72 km et 4994 D+ depuis le départ pour 13h49.
Je pars sur une grosse section 11 km pour 1100 D+ avec objectif sommet à 2500m.
Une montée enfin bien profilée avec des lacets pour diminuer la pente et terrain enfin plutôt sec. C'est magnifique, je me régale et l'arrivée est grandiose avec deux bénévoles qui nous attendent.
Allez zou je vais prendre ma première photo avec mes amis bâtons.
Que du bonheur!
J'envoie en direct ma photo sur le WhatsApp "UT4Mlive" et bing réponse de Thomas et Kevin en direct au petit matin.
Purée que c'est bon de se savoir suivi par famille, amis, collègues, potos du club etc... (troisième élément TOP du "Pas tout à fait").
Avec tout ça, je dois aller au bout !
J'enchaine avec le tour du plateau des lacs sur Taillefer : on en prend plein les yeux sous le soleil. Il faut en profiter avant d'attaquer la descente du massif direction Rioupéroux (5,7km pour 1300 D-).
Pensée à Frédo qui souffre des adducteurs et que la descente obligera à abandonner. Bravo Frédo d'être arrivé jusque là déjà. Tu n'es pas le premier ni le dernier à abandonner devant l'ampleur du chantier dans lequel on s'est engagé.
Arrivé à Rioupéroux (une base vie), je sens au niveau de mes pieds des trucs qui me rappellent des souvenirs moyens voir mauvais. Tout va bien mais qu'est ce que je vais découvrir en enlevant mes chaussettes : des ampoules en pleine forme au niveau des talons. Et oui, mes pieds n'aiment pas l'humidité dans laquelle ils sont depuis 20h31 de course.
Un podologue est présent, je vais le voir et il me fait la solution universelle :
Il aspire puis il injecte de l'éosine dedans pour sécher. Puis il me file de la pommade anti-friction.
Je reviens auprès d'Agnès, toujours présente avec le sourire, elle me donne des nouvelles des copains et du Whatsapp.
J'enfile des chaussettes sèches et me change complètement : c'est bon ça on pourrait croire que la course vient juste de commencer. Un bonhomme tout frais.
Euh pas tout à fait mais avec ce qui nous attend : il vaut mieux avoir le moral au beau fixe.
Ils appellent dans le coin le "km vertical" pour monter sur le massif de La Belledone: un faux plat de 5 km pour 1000 de D+ (vous pouvez calculer le % de la pente, je peux vous dire que c'est vertical !).
Un seul mot , on prend un rythme et on essaye de le tenir. Et à ce petit jeu,, je rejoins Eric un gars que j'ai régulièrement croisé et avec qui j'ai sympathisé depuis une dizaine d'heure. Au final on monte ensemble jusqu'à Arselle. On sent qu'on a bien tapé dans les cuisses mais ça va. Agnès n'est pas présente mais elle m'avait dit qu'elle devait attendre Mike et Rom à Rioupéroux. Avec Eric, on se ravitaille et au moment de partir comme à chaque ravito, vu que je suis sans GPS je demande la distance et le D+ à venir : 5,7km 653m D+.
Des nouvelles des copains, Rom est plutôt dans un moment bas tandis que Mike envoie.
A la base vie, ils se posent et Rom pense à faire un dodo mais plus de place au niveau des lits de camp. Ils hésitent mais Mike veut continuer donc ils repartent tous les deux dans la montée infernale qui sera fatale à Rom.
Bravo mon Rom tu as été au bout de toi même comme d'hab et tu peux être fier de ton parcours (102 km pour 7828m D+).
ALLEZ Mike : GO en SOLO jusqu'au bout !
J'apprendrai l'abandon de Rom par le talkiwaki d'un bénévole en haut de la croix Chamrousse. Un grand moment pour moi. Soyez patient c’est le prochain paragraphe.
On repart d'Arselle avec Eric, on a droit à 500 m de plat et bing on repart dans la côte. Euh là sentiment étrange, plus rien dans les cuisses : le vide. Tout va bien mais les Duracelles doivent être mortes, Eric même tarif. A mi-hauteur, on fait une pause pâte de fruit et Eric, mon bon vivant toujours un mot pour la déconne me dit ;" celui qui a fait ce tracé est un grand malade".
On repart et on arrive au niveau d'un col avec un pickup qu'on devine à peine tellement c'est bouché (fini le soleil). Un bénévole caché dedans nous dit : "Avant de redescendre, il faut monter au sommet pour bipper et être au ravito de la croix Chamrousse." OK on monte encore...
On arrive au ravito et là un médecin nous voit nous assoir sur des chaises et nous dit très gentiment : "Si vous voulez, on a des lits de camp avec couvertures pour vous reposer 15 min ou plus". On devait avoir des tête de déboités sévères (OUF pas de photos) pour nous dire ça.
Les bénévoles au petit soin nous servent une soupe aux patates, aux vermicelles, coca, saucisson etc... et là mon Eric demande :"Si on abandonne là , comment on fait ? " et bien tu dois redescendre car personne peut venir te chercher.
Là je me dis, on n'est pas dans une bonne passe et je rebondis sur la proposition du top médecin :"On peut aller dormir 15 min ?" Aucun problème.
Enfin en position allongée sous une couverture bien chaude après 25h18 de course, comme d'hab au bout de 13 min je me réveille et demande à Eric :" Alors ?" Réponse: " Je reste là pour la nuit" Il est 18h, il ne repartira pas.
Bon là, il faut que je me reprenne et donc TILT une aventure comme ça : c'est SOLO !
Le médecin revient vers moi et m'explique ma situation (un moment bizarre est entrain de s'installer autour de moi, je suis en échange avec ce médecin et plus dans la course. Les autres coureurs n'existent plus : mais où sont-ils passés ? ils sont juste à côté...).
Il m'explique la suite du parcours: descente jusqu'au prochain ravito puis on remonte dans un col où il y a plusieurs névés, je serai dans cette zone de nuit avec brouillard et avec pas grand monde.
OUPS, j'en ai fait , j'en fais , je vais sans doute encore en faire d'autres des trucs de malades mais là tout seul dans la montagne : pas envie de jouer au super héros (j'en suis pas un et c'est pas le but de la balade). Petit à petit l'idée de l'abandon se glisse.
Il y a du réseau. J'appelle Agnès , elle vient de récupérer Frédo et elle va chercher Rom qui vient d'abandonner, elle est au petit soin avec tout le monde. Elle me regonfle le moral.
Je raccroche et là le médecin m'annonce : parcours de délestage mis en place c'est plus long avec même D+ mais en mode sécur. YOUPI !
Allez GO je m'habille chaudement pour attaquer le nuit. Je dis Merci aux bénévoles et au médecin. Au revoir à Eric.
Je sors du ravito et je m'envole sur les chemins avec mes bâtons. Un moment bas voir très bas de passé !
Ces micro siestes de 15 min un vrai miracle, les jambes sont bien présentes et je remonte plein de monde qui m'avait doublé pendant mon mauvais délire à la croix Champrousse.
Pendant 4 h, c'est retour dans un monde de quiétude et j'arrive au refuge du Pré Mollard après 30h30 pour 121,5 km et 9385 D+.
Je sens qu'il y a du dégât dans le peloton , les bénévoles nous annoncent déjà environ 40 à 50 % d'abandon: OUI c'est un sacré chantier.
Je me restaure (Agnès ne peut pas être présente et en plus elle est à Grenoble pour ramener Frédo et Rom à l'appart : bonne récup les copains).
Prêt à partir et comme d'hab je demande les nouvelles à venir : 1400m de D- AIE en 12km puis 6 km de plat sur goudron pour rejoindre la base vie.
Oups le garçon, il va rentrer dans une section très délicate pour lui avec ses pieds qui recommencent à le chatouiller. Il sait qu'il ne pourra pas courir sur le goudron pour les préserver.
Un rapide calcul il est environ 23 h pour les 18 km à venir il va me falloir mini 4h donc j'appelle Agnès et lui dis : "Tu vas enfin pouvoir dormir un bon créneau car on ne se revoit que vers 3 h du mat".
Allez c'est parti pour la troisième descente infernale et interminable avec une fausse joie.
Vers 1h30 du mat je traverse un hameau où 4 personnes sont présentes à nous encourager quand on passe (BRAVO) et là ils me disent village ???? dans 5 - 6 km. Et je me retrouve sur une portion plate de route goudronnée, je me dis : "Incroyable, tu n'es plus qu'à 6 km de la base vie". Zut , je vais être en avance par rapport à mes prévisions avec Agnès.
Je la rappelle : "Coucou , c'est moi je vais être en avance à la base vie. Arrivée vers 2h30 " Elle me dit : "OK pas de problème, je n'ai que 15 min de route, j'y serai" Merci ma belle, quelle assistance de choc. Elle connait, elle a déjà connu d'autres histoires.
Je raccroche et 5 min plus tard, je me rends compte de ma boulette : NON je ne suis pas en bas de la vallée mais juste à mi-hauteur les lumières de la ville sont encore très très basses.
Je la rappelle et lui explique ma gaffe (un peu à cause des spectateurs inattendus) et je serai normalement à la base vie vers 3h. Au final, j'y arrive à 3h45 après un calvaire pour mes pieds sur les 6 km de goudrons à plat.
Il ne me reste plus que le massif de la Chartreuse et le chantier est fini. Le moral est au beau fixe , les jambes avec les bâtons nickel mais qu'est-ce qu'il y a dans les chaussettes?
On commence par se restaurer les pieds à l'air. L'appétit est là : soupe, saucisson, bonbecs etc...sont avalés.
État des lieux des pieds, pas brillants les ampoules percées ont regonflé et d'autres sont venues éclairer ma voute plantaire.
Direction quartier podologue, infirmier et kiné : raté le podologue pas là. Mais avec le kiné, on décide de faire la recette miracle : aspiration puis injection éosine.
Avec Agnès, on décide que je me repose 30 min pour l'état général du bonhomme et pour laisser sécher mes pieds.
Au bout de 20 min je suis réveillé et donc debout. Les pieds beaucoup mieux en sensation, il n'y a plus qu'à se mettre de nouveaux habits, des nouvelles chaussettes avec de la crème et on repart. Là c'est bon: la ligne est à portée de quelques foulées. Plus que 35 km et 2800 D+.
Je pars en même temps qu'un jeuns Guillaume avec qui je vais m'avaler la dernière grosse patate, la montée sur la Chatreuse avec ses 1400 de D+.
Les jambes sont encore présentes après 35h de course et 35 min de dodo, les pieds sont en mode sommeil et ils sont fairplays.
Le soleil se lève et les paysages sur la Chartreuse sont splendides. J'arrive à Sappey dans les temps annoncés à 10h45. Je suis au taquet, une pâte de fruit je remplis mes flasques et repars direct : arrêt de 3 minutes.
Direction col de Vence, en prévision arrivée vers 13h30 et bing je poste le ravito à 12h30.
Pareil en mode "stop and start", 2 bonbecs et prêt à repartir en pensant c'est fini.
Mais ma petite question habituelle: "C'est quoi le menu à venir ?"
Beurk encore 10 km avec 380 D+. Ah oui quand même, on remplit les flasques car il commence vraiment à faire chaud. Il ne faudrait pas faire n’importe quoi si près du BUT !
Dernière fois que je vois Agnès avant la ligne d'arrivée... ça sent bon !
Mes pieds sont toujours en somme j'en profite. Je cours dans les descentes et les kms défilent. C'est trop bon de finir ce chantier avec cette sensation.
On m'annonce l'arrivée très proche, on nous encourage, on nous félicite sur le bord de la route. C'est que du bonheur, le film de la course se refait dans ma tête et j'attends l'arche d'arrivée. Mais une petite surprise nous attend, on est à 400 m de l'arrivée en tournant à gauche mais on tourne à droite pour un petit km dans le vieux quartier de Grenoble. Encore des encouragements et BING l'arrivée est là .
6 marches à monter plus que 100 m et je suis finisher.
La ligne franchie en SOLO, je pense à mon compère Mike. Agnès m'annonce qu'il a passé les barrières horaires et qu'il est dans la dernière descente. YES !
Quatrième épisode: Une fois la ligne franchie
Un ravito est juste là (avec le COVID, personne ne peut venir au niveau de l'arrivée). Je bois 1 l de St Yorre, j'avale tout ce qui traine rapido pour aller rejoindre Agnès, Frédo et Rom.
Un bisou, une poignée de mains et vite vite on enlève les chaussures les claquettes m'attendent.
Les pieds ont pris chers. Il va y avoir du boulot dans les prochains jours.
Je retourne dans l'aire d'arrivée, Mike ne va pas tarder. Il franchit la ligne.
Un autre finisher : BRAVO Mike un mental d'acier.
Conclusion
Un ultra-trail de 178 km avec 12 000 de D+ avec 60 % d'abandon : c'est l'UT4M 2021.
Une grosse aventure personnelle et comme d'habitude des moments de bas à gérer au mieux mais que de bons souvenirs.
Par rapport à mes expériences de raids multisports longues distances voir très longues distances en équipe (trop bien), je dirais pour moi: "Rien à voir". Même si j'ai réussi à partager certains moments avec des inconnus au départ (c'est des tops souvenirs), on est seul et il faut avancer à son rythme en écoutant les signaux de son corps.
Évidemment, c'est la tête qui te fait aller au bout mais aussi tous les soutiens comme les supporters inconnus qui t'encouragent, la famille , les amis et collègues, les potos qui sont présents avant et pendant l'aventure et mon assistante préférée discrète mais toujours présente Agnès.
A la question : "Un autre un autre jour ?" Y a pas de réponse...
Merci encore à toutes et tous,
Vadim
Merci Vadim pour ce récit et merci à Agnes pour avoir donné des nouvelles WhatsApp tout au long de la course.
Beau résumé Vad et superbe course. Encore un exploit d'accompli. 💪💪💪
Merci Vadim pour ce partage au travers ce beau récit.
Ton aventure fait rêver autant qu'elle fait peur.
Encore félicitations, ce n'est pas donné à tout le monde de se lancer et de finir : quel mental et quel physique.
Encore bravo à Agnès pour son exploit : "derrière chaque grand homme, il y a une femme 😉"
Passionnant récit Vadim! Quelle aventure extraordinaire ! Mais...quelle folie! Votre prépa. a payé et ton mental a été de fer! Et entièrement d'accord avec toi, un trail long= belles rencontres et mode solo! Merci encore pour ce partage!
Top!👍