Le titre est sans équivoque, Sud Loire Raid Aventure n’a pas franchi la ligne d’arrivée de cette magnifique épreuve.
Retour quelques semaines en arrière.
Pratiquant le raid multisports depuis plusieurs années, nous sommes plusieurs à vouloir participer à une Aventure. L’envie nous est venue des récits racontés par Vadim (participation à plusieurs Dream Raid).
Le format de l’Aventure Aveyronnaise, un raid non stop entre 25h et 30h sur 250 – 300km, par équipe de 2 avec un assistant remplaçant, correspond parfaitement à ce que nous recherchons. Reste à constituer l’équipe. Pas facile pour tout le monde de se rendre disponible à cette date. Au final Vadim et Jérôme seront partants, avec une assistance, mais sans remplaçant.
Le rendez-vous est donné, Vadim me rejoint le vendredi 22 Juillet pour le départ sur Laguiole. Présentation des équipes sur la place du village. Le plateau est très relevé, nous sommes impressionnés. Nous retrouvons quelques équipes de notre région, ARO, Azimut 72 et Tours N’Aventure. Nous serons cependant la seule équipe à faire le raid sans remplaçant !!
Récupération du road book assistant. Distribution des doigts électroniques, un pour chacun des équipiers. Cela signifie que les 2 équipiers en course doivent pointer les balises.
Une équipe heureuse d’être là pour une belle aventure.
Après le repas en commun, briefing avec distribution des 13 cartes. Hormis la première épreuve (Roller), l’ensemble du raid se déroule soit en suivi d’itinéraire sur carte IGN, soit en orientation. De nombreuses balises optionnelles sont disposées le long du parcours permettant de gagner du temps. Il faut cependant être vigilant aux différentes portes horaires à respecter. Nous traçons nos itinéraires sur les différentes cartes avec pour stratégie d’assurer en début de raid une marge confortable par rapport aux portes horaires.
Un moment de sérieux, il ne faudrait pas jardiner…
De plus la plupart des options comportent de forts dénivelés. Retour au camping vers minuit pour la dernière nuit avant le départ.
Il est 9h, le temps est nuageux, température de 9°C. Départ de Laguiole pour une première section roller de 10.5km avec 350m de dénivelé positif. Si la veille nous étions impressionnés, là nous sommes intimidés. On se croirait au départ d’une épreuve de ski de fond des jeux Olympiques. Tout le monde est équipé de bâtons et de rollers avec des grandes roues. On n’ose même pas s’échauffer.
« Tiens Jérôme, ils font quoi tous avec leurs bâtons ? » « Comme nous Vadim :Ils vont à fond !!! »
Le ciel s’éclaircit, le départ est donné à 9h15. Une petite boucle dans le village, puis montée en direction de la station de ski. Nous laisserons le gros de la troupe partir devant pour monter à notre rythme (13km/h). Nous serons accompagnés par une équipe mixte, dont la féminine fera la montée en courant, ses rollers seront portés par son équipier.
Jérôme facile sur la glisse, Vadim moins fluide ne doit pas tarder à arriver !
Arrivé au CP1 après 49 minutes, notre assistance composée d’Agnès et de Mélanie nous attend. Remplacement des rollers par les chaussures de CAP. Petite CO de 4.5km dans les bosquets et prairies de la station en 41 minutes, sans difficulté.
Yes ! On les a toutes ( nos copines les balises)
On enchaîne par du VTT en suivi d’itinéraire et VTT’O. Après quelques kilomètres, nous arrivons sur une spéciale. En fait de spéciale, c’était un ravitaillement préparé par un chef étoilé. Des jus de fruits pressés, gâteau de riz et cake aux fruits etc.… On repart après les 10 minutes de pause obligatoire en 30ème position. Comme nous l’avions prévu, nous laissons 2 balises optionnelles sur les 3 possibles. Nous avons traversé, souvent seuls, les plateaux de l’Aubrac, paysages magnifiques, même si le soleil était absent.
Un parcours de rêve sur l’Aubrac, le sourire est sincère.
Nous arrivons au CP2. Nous avalons nos sandwichs jambon préparés par l’assistance. Le soleil est arrivé. Nous repartons en CAP pour rejoindre le point de départ du canoë. En raison du manque d’eau dans le Lot, celui-ci est déplacé. La distance canoë est réduite de moitié, ce sera 6 km seulement. Nous parcourons les 6 km de CAP en compagnie d’Azimut 72. Mise à l’eau du canoë et descente en moins d’une heure.
Les majorettes du SLRA en phase… vivement les rapides.
Quelques rapides à franchir et 2 rampes à descendre. La seule difficulté était de ne pas s’échouer dans les zones à faible profondeur d’eau. Arrivée à Saint Eulalie d’Olt. Nous prenons notre temps pour nous ravitailler et nous changer intégralement. Petite CO urbaine à partir d’un plan cadastral pour découvrir ce village classé l’un des plus beaux villages de France. Une balise au milieu de la rivière, histoire de nous mouiller.
Sympa le petit bain sous la chaleur aveyronnaise ( 20° C au max)
Puis, départ toujours sous le soleil pour le plus long trail du raid, il est 17h. Les 3 premiers kilomètres se déroulent sur le plat puis cela montera tout le temps. Nous décidons de nous encorder dès le début pour courir au même rythme et ne pas se distancer. Nous retrouvons plusieurs équipes dont Azimut 72 et ARO. Le temps passe et la météo devient changeante.
Les chamois en pleine éclate dans le trail superbe pour ses paysages et sa dureté.
Le ciel s’assombrit, la luminosité devient faible dans les traversées de forêt. Après environ 2h30, la pluie arrive entrainant une chute de la température. Grand moment de solitude pour nous, nous n’avons pas pris avec nous nos vêtements de pluie. En manche courte, par une température inférieure à 10°C sous la pluie et en plein vent sur certains passages, l’organisme n’apprécie pas beaucoup. Je suis obsédé par le froid, ce qui me déconcentre et m’éloigne de plus en plus de la course. Heureusement Vadim reste concentré sur l’orientation, car moi j’ai lâché la carte tellement j’ai froid aux mains et aux bras. J’en oublie même de boire et de m’alimenter. Si les autres équipes sont équipées cela n’en reste pas moins difficile pour elles aussi. Nous resterons tous groupés pour arriver ensemble au CP4, à la station de ski de Brameloup vers 21h10 après 26 km, 2645m de dénivelé positif et 1780m de dénivelé négatif. Au classement nous sommes aux environs de la 25ème place. La température extérieure est de 5°C et il pleut des trombes d’eau. L’assistance est au petit soin, nous pouvons nous changer dans une pièce mise à disposition par l’organisation. Les soupes chaudes, des tenues sèches sont prêtes. Mon estomac est noué, je ne peux rien avaler. J’arrive cependant à me réchauffer. Après 1 heure d’arrêt on décide de repartir pour la section VTT. Il est 22h15, il pleut toujours, je suis bien couvert et je n’ai plus froid. La visibilité est réduite car nous sommes dans les nuages. Pas facile pour Vadim de suivre la lecture de carte avec la pluie. Le suivi d’itinéraire empreinte en partie le GR, cela nous aide. Il y a de plus en plus de montée, Vadim décide de me tracter pour augmenter la moyenne. Pas facile, le terrain est très accidenté. Les descentes sont très techniques et dangereuses. Je suis de moins en moins concentré, je n’arrive toujours pas à m’alimenter, je sens que je m’affaiblis de plus en plus et très vite. Vadim s’en aperçoit et m’encourage. Cela devient vraiment difficile, j’ai la tête qui tourne, je vois les étoiles. Je dois m’arrêter régulièrement pour ne pas m’évanouir. L’hypoglycémie est bien présente et je ne peux plus lutter. Après 24km parcourus en 2h30, Vadim trouve une grange pour faire une pose. Je descends du vélo en titubant. Allongé dans le foin, je ne tarde pas à avoir froid. Je dois me résigner, il est plus prudent d’arrêter maintenant. C’est vraiment très difficile pour moi, mais je dois me résigner à abandonner. Il est 1h30 du matin, fin de l’Aventure Aveyronnaise après 16h15 de course et un peu plus de la moitié du parcours réalisé. Grosse déception pour moi, même si sur le moment je ne réalise pas trop, tellement je suis KO. L’assistance viendra nous récupérer puis nous rejoindrons l’organisation pour rendre les doigts électroniques. Retour au camping de Saint Geniez d’Olt, il est 5h30 du matin, l’estomac se dénoue, je peux à nouveau boire !!!
Nous irons le dimanche assister à l’arrivée des équipes à Rodez. Comme lors de la première édition, c’est Quechua.com (ancienne équipe championne du monde) qui remporte l’épreuve.
Si ma déception est grande, premier abandon depuis 8 ans que je participe à des raids, je garderai cependant beaucoup d’images magnifiques et de moments uniques partagés avec Vadim. Je le remercie pour tout cet investissement en temps et argent qu’a nécessité cette aventure. Merci à Agnès et Mélanie qui ont parfaitement joué leur rôle d’assistance.
Un clin d’œil à nos assistantes : Agnès derrière l’objectif et Mélanie toujours à fond pour nous amener à la voiture.
Maintenant il faut bien évidemment tirer les enseignements de cet abandon, à savoir que le vêtement de pluie doit toujours être présent dans le sac, même si la météo parait clémente.
Si cette aventure restera inachevée en 2011, qu’en sera-t-il en 2012 ????
Jérôme
Quelques mots :
- Comme d’hab, une entente top avec Jérôme (les souvenirs s’empilent dans la tête) que j’ai secoué un petit peu quand il a eu son gros coup de mou. J’ai essayé de relancer l’équipe mais le copain était complètement à plat. Notre décision d’abandonner a été la bonne afin de vouloir repartir sur d’autres aventures.
- Un énorme merci à Mélanie et Agnès pour leur assistance efficace et aux petits oignons, on était servi comme des rois lors de nos transitions
- L’Aventure Aveyronnaise : un raid comme j’avais déjà vécu, comme je viens de vivre et comme je veux vivre encore.
Vadim.
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